Première tentation : « La tentation du raidissement hostile,
c’est-à-dire de vouloir s’enfermer dans la lettre (…), à l’intérieur de la loi, dans la certitude de ce que nous connaissons et non de ce que devons encore apprendre et atteindre. Du temps de Jésus, c’est la tentation des zélotes, des scrupuleux, des empressés et aujourd’hui de ceux qu’on appelle des « traditionalistes » ou aussi des « intellectualistes ». »
Deuxième tentation : « La tentation d’un angélisme destructeur,
qui au nom d’une miséricorde traîtresse met un pansement sur les blessures sans d’abord les soigner, qui traite les symptômes et non les causes et les racines. C’est la tentation des timorés, et aussi de ceux qu’on nomme les progressistes et les libéraux. »
Troisième tentation : « La tentation de transformer la pierre en pain
pour rompre un long jeûne, pesant et douloureux (Lc 4, 1-4) et aussi de transformer le pain en pierre et la jeter contre les – pécheurs, les faibles, les malades (Jn 8,7) c’est-à-dire de les transformer en fardeau insupportable (Lc 10, 27). »
Quatrième tentation :« La tentation de descendre de la Croix,
pour contenter les gens, de ne pas rester à accomplir la volonté du Père, de se plier à l’esprit mondain au lieu de le purifier et de le plier à l’Esprit de Dieu. »
Cinquième tentation :« La tentation de négliger le depositum fidei* (ndlr : le dépôt de la foi)
en se considérant non comme les gardiens mais les propriétaires et les maîtres ou, de l’autre part, la tentation de négliger la réalité en utilisant une langue minutieuse et un langage pour dire tant de choses et ne rien dire. Nous appelons « byzantinisme » je crois, ces choses. »
* En 1992, lors de la publication du Catéchismes de l’Eglise catholique voulu par le Concile Vatican II, le pape Jean-Paul II affirmait, dans la ligne de la tradition, que le dépôt de la foi avait été confié à l’Eglise. C’est le trésor de l’Eglise. Il est son « crédo », sa foi, l’inspiration d’une manière de vivre au nom de l’Evangile. Il est la raison même de la mission de l’Eglise.
Le dépôt de la foi n’est pas une « statue » qu’il faudrait protéger, adorer ou défendre ; il n’est pas une idole ! Le dépôt de la foi est une source qui désaltère, qui donne vie, qui permet la croissance. C’est l’obsession de l’annonce de la foi et de la mission qui lui permet d’être connue des hommes. Ainsi au nom de l’évangélisation, la réduire à une eau sacrée et stagnante à laquelle personne n’aurait accès, ne connaissant ni son existence, ni son lieu, ni ses bienfaits, serait un péché. C’est ce que signale le pape François lorsqu’il assure qu’il ne faut, pour l’Eglise, se faire la propriétaire du dépôt de la foi ! (Sébastien Antoni)